Article réalisé dans le cadre du «Libé des écrivains».
Bon, on rigole ou pas ? On fouille la triste réalité où on laisse les écrivains remplir les colonnes de Libé en toute liberté fictionnelle et joyeuse ? C'est l'équinoxe de printemps, les écrivains sont assis au «hublot» devant leurs Moleskine, les journalistes de Libé debout autour. Tous devant le même choix : le mystère de l'avion disparu ou la suite du feuilleton des écoutes de Sarkozy. Quel roman ?
Jacques Roubaud, trois Bic de couleur à la main, pétille en répétant l'hypothèse qu'il a entendue «cette nuit sur la BBC» : l'avion aurait disparu en se cachant derrière un autre. Pendant quelques minutes, le romanesque décolle. Mais Bruno Nassim Aboudrar jette un froid : les disparus de l'avion, c'est peut-être plus de 200 morts sans sépulture. Est-ce qu'on peut s'amuser à fictionner avec ça ? Va pour Sarkozy et les écoutes.
«Ironique ?» Qui dit écoutes dit Paul Bismuth, le nom que l'avocat de Nicolas Sarkozy lui a «prêté» pour essayer d'y échapper. «Vous, les romanciers, vous trouvez que c'est un beau nom de personnage ?» demande Gérard Lefort, rédacteur en chef. On sent que oui, plutôt. «C'est quoi le ton ?» demande Yves Bichet, qui met les pieds pour la première fois dans une rédaction. «Ironique ? Sarcastique ? Vous décidez bien du ton avant de commencer à écrire ?» Violette Lazard se présente avec la voix qui tremble un peu, elle