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Libération
Critique

Western irlandais

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L’auteur d’un meurtre accidentel fuit devant un intendant et ses hommes de main dans le noir univers de Paul Lynch.
par Nelly Alard, Ecrivaine
publié le 19 mars 2014 à 18h26

Cet article a été réalisé dans le cadre du «Libé des écrivains».

Non, ai-je supplié, pas une critique littéraire !

Le Libé des écrivains,

d’accord, évidemment, c’est flatteur, écrire n’importe quoi sur un sujet auquel je ne connais rien, pas de problème, mais une critique non, par pitié, j’en suis incapable, et de quel droit d’abord, et si je n’aimais pas. Sa voix si douce s’est assombrie. Trop tard, a-t-il tranché, ce sera 6 000 signes. Pas de blague, on compte sur toi. Et voilà, il a déjà raccroché et hop d’un coup le livre est là, c’est fichu, l’enfer commence, le piège s’est refermé sur moi.

Du calme. Pas de panique. D'abord, regarder l'objet. L'illustration de la jaquette, des oiseaux en ombres chinoises, posés sur un frêle squelette d'arbre sur fond jaune marbré d'orange. Le titre : Un ciel rouge, le matin. L'auteur : Paul Lynch. Le pays : l'Irlande. La période : 1832. Je respire. L'Irlande, c'est un peu la Bretagne. Et j'ai une passion pour le XIXe siècle… Si j'en crois le dossier de presse, l'auteur a grandi comme moi «dans une petite ville d'une région reculée, venteuse et pluvieuse», dont il s'est tiré dès qu'il a pu. Tout comme moi, l'écriture de son premier roman, dit-il, l'y a ramené. Déjà, un point commun entre nous. C'est bon signe.

«Ichor». Mais dès les premières pages s'installe comme un malaise. Je relis chaque phrase plusieurs fois pour tenter d'en percer le sens, d'attraper le fil de l'intrigue au milieu du fouillis des