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Interview

J.M.G. Le Clézio: «Ecrire ajoute des jours à ma vie»

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Rencontre avec l’écrivain à l’occasion de la sortie de «Tempête».
Jean-Marie Gustave Le Clézio, le 2 novembre 2011 à Paris. (Photo Fred Kihn)
publié le 26 mars 2014 à 17h26

Dans le vaste bureau qui donne sur le jardin, et qui a été naguère celui de Claude Gallimard, J.M.G. Le Clézio signe le service de presse de Tempête, très peu d’exemplaires. Il se souvient que les auteurs entraient par la porte en face de la table, introduits par la secrétaire, Odette Laigle. Il montre, au fond du jardin, le pavillon de la Pléiade, qui était à l’origine un ancien pavillon d’exposition coloniale. Le Prix Nobel 2008 est d’une beauté et d’une élégance intactes, haute silhouette, tenue urbaine, camaïeu marron glacé.

Tempête contient deux novellas. La seconde, «Une femme sans identité», est le monologue d'une enfant qui se découvre illégitime. Du Ghana à Paris, la colère d'être «une fantôme» l'enferme. «Tempête», dédié «aux femmes de la mer de l'île d'Udo», les plongeuses, joue sur l'attirance et le danger de «la bouche des profondeurs». Un écrivain-photographe, Philip Kyo, se sent condamné à vie pour un viol qu'il a vu et n'a pas empêché. Il rencontre une enfant, June, qui prend la parole à son tour.

Le titre, «Tempête», est une allusion à Shakespeare, et à Césaire ?

Oui. J'aime mieux la pièce de Césaire, Une tempête, elle est plus forte pour moi. Il n'y a pas de point commun, la pièce de Césaire est une pièce de l'insurrection. Je n'écris pas des livres politiques. C'est un hommage, une audace.

Avez-vous expérimenté le monde sous-marin de «Tempête» ?

Pas du tout. J'ai une malformation des sinus qui m'empêche de plonger. J'aimerais bien. Je peux nager, à fleur d'eau, en regardant les fonds, mais je ne peux pas plonger. Quand j'avais 7 ou 8 ans, m