
C’est ainsi qu’Yvonne Baby se présente, ainsi qu’elle parcourt, à la troisième personne, son dernier roman. Celui de sa vie, telle qu’elle a souhaité la raconter à ses deux fils, Nicolas et Olivier.
Une manière de «pèlerinage, entrepris pour eux», dit-elle. «A sa table, elle s'interroge : deviendra-t-elle, à leurs yeux, plus visible ? Sa voix sera-t-elle à portée de leur voix ? Son regard à portée de leur regard ? Elle espère que les astres et le hasard lui seront propices, que ses fils pourront la redécouvrir, la retrouver, survivante avant les cendres.»
Pourtant, A l'encre bleu nuit ne se résume pas au récit d'une mère attentive à léguer un héritage familial. C'est l'histoire d'une femme soudain pressée de partager une part de son intimité avec deux jeunes hommes à qui elle a donné la vie et qui vivent désormais la leur. «Cette femme qui a traversé plus de la moitié d'un siècle, une femme inconnue d'eux, quand elle n'est pas directement leur mère, ou quand elle ne l'a pas encore été.»
Brochette. «Elle», donc, est la dernière apparition d'A l'encre bleu nuit, après, au fil des pages, celles d'Alberto, de Louis, Henri, Georges, Michel, Paul, Hervé, Catherine, Paul-Marie. Une succession de prénoms qui ouvrent chaque chapitre comme une invitation à se promener dans une galerie de portraits illustres. Car, derrière ces prénoms, on découvre les noms, Giacometti, Aragon, Cartier-Bresson, Sadoul, Cournot, Morand, Guibert, Guérard, de&n