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Libération
chronique

Et la fermière lut

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publié le 2 avril 2014 à 18h06

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux. Mais soudain Dieu dit : «Que la lumière soit !» et la lumière fut. Ensuite quelques milliers ou millions d'années se sont écoulées, et nous voici aujourd'hui le nez collé à l'écran de notre Mac à processeur Intel Core i5 cadencé à 2,4 gigahertz en train de nous demander ce qui a bien pu se passer avant que Dieu ne se décide à allumer la lumière. Bref, en termes plus contemporains, quel fut le prequel de l'Ancien Testament ?

Nous nous posons la question car la mode des prequels (ou préquels, ou préquelles, ou antépisodes) a l'air de se développer dans l'édition. Un type, un certain Donald McCaig, vient de s'atteler à la rédaction d'un antépisode d'Autant en emporte le vent, histoire de faire fructifier la «marque» créée par Margaret Mitchell. McCaig avait déjà écrit une suite, maintenant il appuie sur la touche Rewind. Rabelais lui-même avait publié les aventures de Gargantua deux ans après celles de Pantagruel, alors que le premier est le père du second. Dominique Fernandez a écrit 800 pages sur son père ; il envisagerait désormais, dit-on, d'en noircir 2 000 sur son arrière-grand-mère.

Inventer des suites est amusant, mais remonter le temps doit l'être plus encore. Avant d'aller taquiner le cachalot blanc, le capitaine Achab a eu une jeunesse, lui aussi : vous imaginerez sa vie de 8 à 14