James Bond ne connaît pas l’Afrique, mais William Boyd si. Le romancier britannique est né au Ghana en 1952, à peu près l’année où l’espion de sa Majesté prend du service sous la plume d’une ancienne barbouze tout aussi britannique, Ian Fleming (
Casino Royale
, 1953). Le roman qui a fait connaître Boyd en 1981,
Un Anglais sous les tropiques
,
est une délicieuse parodie des restes de l’empire à rouflaquettes dans un pays imaginaire, le Kinjanja, au moment de la décolonisation. La découverte de champs de pétrole réveille les intérêts et agite les rapports de force. La morale fond dans le pétrole comme les glaçons dans le whisky. Mais Bond sait qu’il ne faut pas mettre de glaçons dans le whisky. Il est même là pour les en retirer, par tous les moyens possibles. Au nom du Royaume-Uni. D’autres romans de Boyd se passent en Afrique ; son coup d’essai reste son coup de maître.
Manies. Aujourd'hui, après bien d'autres, dont Sebastian Faulks, et selon une tradition ludique consistant à se mettre dans la peau du héros kitsch pour alimenter sa postérité, mais aussi les souvenirs de sa propre enfance, Boyd dépoussière et enfile la panoplie - de même qu'au cinéma, acteurs et réalisateurs se sont succédé pour incarner et mettre en scène ses aventures. Solo commence à Londres, s'achève à Londres, lieu de toutes les habitudes, repos du guerrier. Bond vit toujours à Chelsea, choix qu'il justifie en citant Cyril Connolly (