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Critique

Le crépuscule odieux

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Comment Weimar fit le nid des nazis.
Adolf Hitler et Paul von Hindenburg (dr.), le Président de la République de Weimar. Photo non datée. (Photo AFP)
publié le 16 avril 2014 à 18h06

Que le nazisme soit en partie le produit de la Première Guerre mondiale constitue une évidence. Mais que l’expérience de la guerre, loin de rassembler, ait profondément divisé la société allemande entre 1918 et 1945 offre une hypothèse séduisante. Encore faut-il la vérifier ! Un jeune historien, Nicolas Patin, s’y emploie, en scrutant le destin des 1 674 députés qui siégèrent au Reichstag durant la République de Weimar avant d’affronter la tourmente nazie.

Les nationalistes allemands ont longtemps prétendu que la Grande Guerre avait cimenté une «communauté du peuple» où les barrières de classes se seraient effondrées au profit d'une union sacrée. Image convenue à défaut d'être conforme. Les hommes du Zentrum catholique considérèrent ce sanglant affrontement comme une folie meurtrière, les élus sociaux-démocrates comme un devoir à remplir tandis que leurs collègues d'extrême gauche espéraient que de l'embrasement du Vieux Continent naîtrait la révolution. L'expérience vécue explique en partie ce dissensus. Appartenant aux classes supérieures, les élus conservateurs servirent comme officiers et furent relativement protégés des rudes réalités du front que les milieux populaires, composant le gros des troupes, vécurent au plus près des balles dans la boue des tranchées.

Poignard. En 1918, la défaite du Reich déboucha sur l'instauration de la République. Ce changement de régime ne suscita guère l'enthousiasme d'une droite qui se rallia