La mort de l'écrivain colombien Gabriel García Márquez, hier à Mexico à 87 ans, évoquera pour quelques générations de lecteurs celle de Victor Hugo - mais un Hugo tropical du XXe siècle mondialisé, une sorte de conquistador à l'envers, du nouveau continent vers l'ancien, devenu l'ami et le fidèle soutien d'un maître abusif des rêves égalitaires et des illusions perdues, le dictateur Fidel Castro. C'est en effet un véritable symbole littéraire et politique, une pop star du rêve latino-américain et de ses luttes dans les années 1960.
Célèbre pour ses cheveux frisés et sa coupe quasiment afro, son goût de Rabelais et du vallenato, ses bottes paysannes et ses chemises tropicales, «Gabo» devint à 40 ans ce personnage de petite taille au sourire convivial dont une œuvre, Cent ans de solitude, allait en mai 1967, quatre ans après Marelle de Julio Cortázar et le jour même où sortait le Sergent Pepper des Beatles, marquer une langue et une époque. L'inventeur de Macondo exportait la vie d'un continent et définissait avec d'autres, ceux qu'on appela les écrivains du «boom» latino-américain, les contours d'un nouvel imaginaire. De la génération qui fit connaître par les mots la démesure de l'Amérique latine au reste du monde, il ne reste plus désormais que son ancien ami, devenu son meilleur ennemi, le Péruvien Mario Vargas Llosa. L'un et l'autre ont reçu le prix Nobel de littérature.
García Márquez résume justement à Stockholm en 1982, au m