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Fukushima, cases catastrophes

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Au Japon, un mystérieux dessinateur raconte le quotidien des travailleurs de la centrale.
Kazuto Tatsuta à sa table à dessin, en avril. (Photo AFP/Karyn Poupee)
publié le 21 avril 2014 à 19h56

Il est courbé sur sa planche à dessin, occupé à noircir des cases. Dans son atelier-pigeonnier de la banlieue ouest de Tokyo, Kazuto Tatsuta met la dernière main au premier tome de Ichi-efu (ou 1F, le surnom de Fukushima daiichi en japonais), un manga documenté au trait épuré sur son expérience d'ouvrier à la centrale nucléaire du Tohoku. Très attendu, son livre, qui sort demain au Japon, est précédé d'un joli succès d'estime depuis sa publication en épisode dans l'hebdo Morning en octobre dernier. De cet homme sec, aux pommettes hautes et au sourire nerveux, on ne saura pas grand-chose. Pas de numéro de téléphone, ni de mail. Son nom est un pseudo. Ses silences, une prudence. Il dit avoir «voulu raconter son quotidien à la centrale, mais sans dramatiser ni polémiquer».

Grutier. De juin à décembre 2012, Kazuto Tatsuta a travaillé comme contrôleur de radiation puis plombier sur le site ravagé par le tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011. Il avait atterri là après plusieurs petits boulots, des mini-formations de grutier, soudeur et décontamineur. Le dessinateur, jadis étudiant en lettres, avait «besoin d'argent» et postulait à «un emploi pour la reconstruction de Fukushima». Après six mois de labeur, atteignant la limite annuelle des 20 millisieverts fixée pour les travailleurs du nucléaire, Tatsuta a troqué la combinaison pour les crayons : «Ce que je lisais dans la presse, qui