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critique

Defert de lance

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«Une vie politique» à défendre les minorités, les prisonniers, les séropositifs.
Daniel Defert. (Photo E. Marchadour )
publié le 7 mai 2014 à 18h06
«Je suis graphomane, même si je n’aime pas écrire au sens littéraire du terme.»

Cette phrase, Daniel Defert ne l’écrit justement pas. Il la dit à ceux (l’historien Philippe Artières et le journaliste Eric Favereau (1) avec Joséphine Gross) auxquels il a délégué la trame de ses mémoires, le livre d’entretiens Une vie politique. Les données biographiques sont celles-ci : Daniel Defert, agrégé de philosophie et sociologue, a été militant pour la décolonisation, participé à Mai 68, été membre de la Gauche prolétarienne. En 1971, il est à l’initiative du Groupe d’information sur les prisons, le GIP, avec son compagnon, Michel Foucault. A la mort de ce dernier, en 1984, il fonde Aides, la première association française de lutte contre le sida, qu’il dirige jusqu’en 1991.

Dominos. L'autobiographie n'est pas la surexposition. Et si Daniel Defert évoque ses parents, il le fait en dézoomant de son milieu d'origine, en expliquant comment des événements marquants (la libération de la petite ville de Bourgogne où il a grandi) ou des données personnelles (un père antimilitariste, une mère obsédée par la liberté individuelle) ont pu façonner son engagement, sa rigueur morale, son «jansénisme». Au sujet de sa relation avec Foucault, il évoque l'amour qui les liait, mais c'est une version collective, en mouvement, de leur passion qu'il dévoile aux lecteurs. Il n'y a pas, ou si peu, d'anecdotes. Tant mieux.

Ouvriers, prisonniers ou séropositifs, les luttes de Daniel Defert sont des dominos qui tombent l'un après l'autre. Mais c'est lu