Schroder, nom de famille du narrateur et vitrine du roman, a été choisi par l'auteure pour une raison pratique : il fallait un nom à consonance allemande que les Américains réussissent à prononcer. Le lecteur français est à son tour invité à tenter le coup, page 79 : «Schroder. Erik Schroder. Non, non. Schroder. Essayez de prononcer le "r" de façon gutturale. Allez-y vraiment. Schgroder. C'est ça.» «Je voulais que la véritable identité du personnage donne son titre au livre», explique Amity Gage, en promo à Paris. L'homme du texte s'est en effet construit aux Etats-Unis avec femme et fille sous le nom d'Eric Kennedy, patronyme qu'on risque moins d'écorcher.
Le changement d'identité, facile comme un jeu de rôle de cour d'école, fut déterminé gamin, manière d'entrer dans le cortège. «Pourquoi m'ont-ils cru ? Dieu seul le sait. Tout ce que je peux dire, c'est qu'on était en 1984. On s'inscrivait à la Sécurité sociale par la poste. Les bases de données n'existaient pas encore. Il fallait être riche pour avoir une carte de crédit. […] On était qui on disait être. Et moi, j'étais Eric Kennedy.» Amity Gage, à qui l'on demande si cela n'est pas trop gros, parle rêve américain : «Partout où je vais, on me dit que ça ne pourrait pas se produire, car on connaît toujours son voisin, la famille de son voisin, et qu'il est de fait impossible de se cacher… Aux Etats-Unis, vous avez la possibilité de vous réinventer et de gravir l'échelle sociale, ou celle de v