Bousillage, bousiller. Paradoxalement, ce terme, qui signifie depuis la Première Guerre mondiale la destruction et le massacre, a d'abord désigné une méthode de construction : «Mortier composé de chaume et de terre détrempée», dit le Trésor de la langue française. Autant dire un ouvrage qui ne tient pas, mal fichu, voué à la débâcle. Mot aujourd'hui vaguement oublié, on ne dit plus trop «il a tout bousillé», peut-être parce que personne n'est plus coupable de tout faire rater, vu que personne ne pense que ça pourrait réussir. Avec l'obsolescence programmée, le bousillage n'a rien de particulier.
Il fallait un mot désuet pour traduire le roman picaresque de Volker Braun, il y en a plein d'autres dans le texte : «pépins», «embrener», «16 ans aux cerises», «comprenette», voire, plus improbable que tout, «le gréviste brise le boulot». Il faut dire que le sujet du Grand Bousillage, c'est la fin du travail et la mondialisation, le cannibalisme néolibéral, la ruine de chacun dans sa chair et son esprit, tel qu'annoncé par l'épigramme (imitée de Gracián) qui ouvre le livre : «Ô Travail, il vaudrait mieux que tu n'aies jamais commencé. Mais, une fois commencé, il faudrait que tu ne finisses jamais.»
Satire. Le héros en est le contremaître Flick, travailleur de l'ex-RDA, comme Volker Braun fut un écrivain partisan et critique à la fois de la RDA, «licencié alors qu'il n'avait pas 60 ans, réex