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critique

Norbert Elias, au-delà de l’irréel

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Mieux comprendre les conflits par les utopies : la méthode du sociologue allemand.
«Soleil vert» (1973), de Richard Fleischer. (Photo Swashbuckler Films)
publié le 7 mai 2014 à 18h06

Jürgen Habermas, Günther Anders, Zygmunt Bauman, Jacques Derrida, Pierre Boulez ou Jean-Luc Godard le recevront par la suite. Mais le premier à qui la ville de Francfort attribue le prestigieux prix Theodor-Adorno, en 1977, est Norbert Elias. Un an auparavant, était paru chez Suhrkamp, en édition de poche, son grand œuvre de 1939,

Über den Prozess der Zivilisation

(1). C’est seulement alors qu’il commence à bénéficier d’une audience internationale, avant de devenir, dans les années 80, quand il publiera ses ouvrages sur le temps, le nazisme, le sport, le travail, la

«solitude des mourants»,

la biologie, le corps ou Mozart, la coqueluche des amateurs de sociologie. Gloire tardive, puisqu’Elias, né en 1897 à Breslau (aujourd’hui Wrocław, en Pologne), était déjà plus qu’octogénaire. Sa carrière même a été discrète : étudiant en médecine, docteur en philosophie, assistant de Karl Mannheim à l’université de Francfort, contraint, sous la menace nazie, à l’exil en France puis en Angleterre - sa mère mourra à Auschwitz -, il n’est élu

lecturer

à Leicester qu’en 1954, puis, à 59 ans, nommé professeur de sociologie,

«après avoir vécu d’aide aux réfugiés, de contrats d’assistant de recherche, d’animation de groupes de psychothérapie londoniens ou de cours du soir pour adultes».

Il meurt le 1

er

août 1990 à Amsterdam.

Norbert Elias a défini lui-même sa sociologie comme «sociologie processuelle», qui refuse l'idée d'une métaphysique sociale a