Récits
William Hazlitt La solitude est sainte
En trois textes, William Hazlitt, peintre anglais devenu écrivain au XVIIIe siècle, ami de Coleridge et de Charles Lamb, fait l'autoportrait d'un homme qui aime aller ailleurs en solitaire, ne s'habille d'avenir qu'après avoir retourné les ourlets du passé. En voyage, pas de compagnons de route : «Je veux voir mes vagues notions flotter comme le duvet du chardon dans la brise, sans qu'elles s'emmêlent dans les ronces et les épines de la controverse.» Attendant de souper, il «regarde au-delà de lui-même la vaste perspective de la nature, et y prend un intérêt qui dépasse ses étroites prétentions au sein du genre humain». Mettant dans la balance le passé et l'avenir, il écrit : «Ceux qui veulent faire fortune, ou qui aspirent à l'ascension sociale et au pouvoir, ne pensent guère autant au passé qu'à l'avenir. La contemplation de l'un est aussi agréable et réelle que celle de l'autre. La saison de l'espérance a une fin ; mais il en reste le souvenir.» Il n'est pas nécessaire de croire en Hazlitt pour aimer réfléchir à tout ce qu'il écrit. Il y a beaucoup de Rousseau en lui, sans amertume et sans remords. C'est l'art d'aller le plus librement possible d'un bon vivant, dandy et stoïcien. Stevenson, rappelle le préfacier, disait qu'on devrait «taxer tous ceux qui ne l'ont pas lu». On ne doit rien imposer à un lecteur, mais c'est une idée pour l'administration fisc