Arrêtons-nous un instant sur la dédicace, au seuil de l'ouvrage inédit signé Marguerite Duras (1914-1996) qui paraît à l'occasion du centenaire de sa naissance. Composé d'une transcription des entretiens de Duras filme et de quelques pages réécrites par l'intéressée, le Livre dit est dédié «A Jean Mascolo, en témoignage de mon amitié reconnaissante». Pourquoi Duras s'adresserait-elle à son fils en ces termes ? Serait-ce une manière de le considérer comme un ami cher, de la même manière que Jean Mascolo dit, au cours de ces entretiens, que son père, Dionys Mascolo, est son «meilleur ami» ? N'est-ce pas plutôt l'auteur de l'édition, Joëlle Pagès-Pindon, qui remercie Jean Mascolo de la diligence avec laquelle il gère le patrimoine maternel et vient en aide aux chercheurs ? Une fois passé ce bref moment de perplexité, il n'y a plus qu'à se laisser porter. Il s'agit d'un vrai livre, véritablement délicieux à certains moments.
«Caméra». C'est délicieux parce qu'on voit Duras au travail. Duras filme est en effet le documentaire réalisé par Jean Mascolo et Jérôme Beaujour sur le tournage d'Agatha et les lectures illimitées, en mars 1981, à Trouville, qui est «complètement lagunaire». L'écrivain cinéaste crée, et elle parle, de la liberté des femmes, des deux robes qu'elle a eues dans sa vie, du danger de «la libéralisation des mœurs», de Gdansk. «Vous savez, moi, vous me