On connaît en France le travail de l’Israélien Etgar Keret depuis 2001 (
la Colo de Kneller,
Actes Sud). Il est l’auteur de nouvelles très courtes, le plus souvent absurdes, percutantes et sombres, traduites en seize langues, dont le coréen et le chinois.
Cette fois, il publie un recueil de textes de «non-fiction», appelons-les des récits, si courts encore qu'ils ont parfois l'air d'être faits de quatre ou cinq tweets. Ces textes parlent de sa famille, de son pays, de ses voyages, il y a plusieurs histoires d'avion, on est tenté de penser qu'elles ont été écrites dans un avion. On y retrouve les collisions surréalistes des nouvelles, même si on a parfois l'impression que la langue est affadie par la double traduction (lire plus bas). Et on rencontre un Keret harcelé par un reporter qui veut absolument le faire témoigner sur un attentat qu'il n'a pas vu, alors qu'il attend la naissance imminente de son fils, un chauffeur de taxi nostalgique de la «vraie guerre», plus confortable moralement que l'occupation des territoires, le réceptionniste d'un hôtel parisien qui dit à Keret et à son collègue arabe israélien Sayed Kashua, que, si ça ne tenait qu'à lui, l'hôtel ne recevrait pas de juifs. «Après quoi, il me fallut passer le reste de la soirée à entendre Sayed râler : comme si ça ne suffisait pas de subir l'occupation sioniste depuis quarante-deux ans, il lui fallait maintenant supporter l'insulte d'être pris pour un juif.»
A Varsovie