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Essai

«N’oublie pas de monter» au Top 50

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D’Offenbach à Sheila, la France succombe aux rythmes brésiliens.
«Si tu vas à Rio...», d'Anaïs Fléchet. (Photo DR)
publié le 30 mai 2014 à 19h26

«Je suis brésilien, j'ai de l'or / Je viens de Rio de Janeire… [bien Janeire avec un "e", ndlr]. » En 1866, apparaissait, dans l'opérette la Vie parisienne d'Offenbach, le personnage du milliardaire venu des Amériques pour mener grand train à Paris. Un stéréotype, le premier d'une série que l'histoire des relations musicales entre la France et le Brésil va accumuler en un siècle et demi. L'historienne Anaïs Fléchet a consacré une thèse de doctorat à la présence des musiques brésiliennes en France au siècle dernier. Elle en a tiré un livre passionnant, mine d'informations précieuse et ouvrage rare, puisque la recherche en sciences humaines se penche rarement sur les manifestations musicales «non savantes».

Bien avant la samba et la bossa-nova, les salons parisiens succombèrent, au début du XXe, à la maxixe, danse popularisée par l'exubérant Félix Mayol. Le cinéma va ensuite propager les nouveaux sons : le film Orfeu Negro, palme d'or à Cannes en 1959, avec les sublimes chansons de Tom Jobim, Vinicius de Moraes ou Luiz Bonfa. Puis la BO d'Un homme et une femme, où Pierre Barouh donne libre cours à sa passion pour la bossa. Les succès d'outre-Atlantique sont interprétés par les chanteurs «typiques» (Dario Moreno, Gloria Lasso) ou la génération yé-yé (Sacha Distel, Sheila). Avec une constante : le plus souvent à rebours du texte original, l'adaptation évoque un pays ensoleillé, insouciant, qui fait la fête