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Libération
Critique

A John Vaillant rien d’impossible

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Sur les cimes de l’Ouest canadien.
publié le 4 juin 2014 à 18h06

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utside

est un magazine américain voué aux voyages d’aventure et aux modes de vie. En 1998, il envoie John Vaillant, chanteur-compositeur de bars devenu journaliste l’année précédente, explorer en kayak l’ouest du Canada, en Colombie-Britannique. Celui-ci a 36 ans et vit alors en Pennsylvanie. Il en avait une vingtaine quand, étudiant dans l’Ohio, il décida de faire la route en auto-stop jusqu’en Alaska :

«L’idée de travailler dans un bureau et de répondre au courrier de gens qui ne m’intéressaient pas m’horrifiait. Je n’étais pas très humble.»

Il aime toujours la voix de Steve Earle et Nebraska, de Bruce Springsteen, mais il s'est rendu compte à 30 ans qu'il n'avait «ni assez de talent ni assez de désir pour percer dans la chanson». «Mais je ne savais pas ce que je voulais faire : dans ma tête, j'étais encore sur la route vers l'Alaska. Un jour, j'ai entendu une femme dire : "Le genre de musicien que je cherche traverserait les murs pour chanter." J'ai compris que j'étais prêt à traverser des murs, mais pour écrire.»

La première histoire qu'il propose à un journal, en 1997, est celle d'un ranger de genre Clint Eastwood tombant au Nouveau-Mexique sur un jaguar, espèce quasiment éteinte : «Il aurait pu le tuer, mais il était lui-même un type d'une espèce en voie de disparition, et, au lieu de tirer, il l'a photographié. Quand j'ai proposé l'histoire, le rédacteur en chef m'a dit : formidable, mais on vient de faire un truc sur les couguars.