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Libération
Critique

Les habits de la vérité

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La validation scientifique vue comme une production sociale, selon Steven Shapin.
Des gentlemen de la Royal Photographic Society en Angleterre, en 1902. (Photo Whatsthatpicture. Flickr)
publié le 4 juin 2014 à 18h06

Avec Simon Schaffer, dont vient de paraître en français un important recueil d’articles

(lire

Steven Shapin est le plus illustre représentant de la nouvelle école anglo-saxonne d’histoire des sciences. Le titre de son maître livre -

Une histoire sociale de la vérité -

publié aux Etats-Unis voici dix ans, et devenu depuis un classique, ne doit pas induire en erreur. Il ne s’agit en effet pas pour son auteur de démontrer la relativité de toute connaissance scientifique mais que

«les formes de connaissances qui sont tenues pour les plus importantes sont construites par et dans des processus ordinaires d’interaction sociale».

En d’autres termes, il s’agit pour Steven Shapin, biologiste reconverti en historien des sciences, aujourd’hui professeur à Harvard, de montrer comment des résultats nouveaux deviennent une vérité scientifique moins par la conviction intellectuelle et la force du raisonnement que par l’existence de dispositifs sociaux qui produisent de la confiance et permettent aux savants de négocier entre eux ce qui sera considéré, au moins pour un certain temps, comme un savoir crédible.

Parole. Cette dimension sociale ou culturelle de la connaissance scientifique peut être perçue comme paradoxale même si Steven Shapin, à juste titre, n'y voit qu'une extension à l'histoire des sciences d'une évolution plus générale de la façon de penser l'histoire. «A l'image de nos histoires sociales de l'alimentation, de l