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Paul Valéry, sétois ?

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Après Tintin et Derrida, Benoît Peeters s’attaque à l’auteur de «Monsieur Teste»
Photo non datée, de Jean Ballard et les écrivains français André Gide et Paul Valéry. (Photo AFP)
publié le 11 juin 2014 à 18h06

On est sérieux quand on a 17 ans. Pour qui a lu Paul Valéry à cet âge, comme par exemple André Breton, l’auteur de la Soirée avec Monsieur Teste est d’abord cet objet précieux : un monument intime - Rimbaud en chambre, costume et nœud-papillon, léger léger, tout l’orgueil infiniment discret de l’esprit. A Gide, jeune homme, il écrit : «Je suis de ceux pour qui le livre est saint. On en fait UN qui est le bon et le seul de son être, et l’on disparaît…» Ce bon livre est naturellement celui qu’on n’écrira pas : «L’écrivain véritable est celui qui ne trouve pas ses mots.» Pour le reste, on se prolonge plus qu’on ne disparaît, comme ancien combattant, vaincu, de sa propre épopée. Quel homme cesse d’écrire pendant vingt ans après la mort de son maître en intransigeance verbale et en anarchisme civilisé, Mallarmé, pour renaître en académicien et professeur au Collège de France, notable et franc-tireur du monde des Lettres ? Quel judoka laisse agir les forces de ceux qui vont faire sa carrière ? Lui, Valéry.

Echantillons. Michel Jarrety publiait en 2008, chez Fayard, un monument sur ce monument : somme biographique de 1 366 pages, suivant presque jour à jour la vie de l'écrivain. Son travail était guidé par une phrase de Stendhal : «Il n'y a d'originalité et de vérité que dans les détails.» Six ans après, rendant hommage à ce travail monstre, Benoît Peeters, tintinophile de pointe et auteur d'une biographie de Jacques Derrid