Menu
Libération
portrait

Céline Minard. L’inconnue du train

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Voyage à remonter le temps de l’écriture avec la romancière qui fut libraire et vient de recevoir le prix du Livre Inter.
Céline Minard, écrivain, à Paris le 4 juin. (Photo Frédéric Stucin)
publié le 17 juin 2014 à 18h06

Céline Minard se trouvait dans le train avec un thriller de Patricia Highsmith quand elle a appris qu'elle avait reçu le prix du Livre Inter. Elle avait une transhumance pyrénéenne dans les pattes. La satisfaction d'avoir réalisé ce vieux désir dans son décor favori. Régulièrement, il lui faut cette piqûre d'altitude et d'espace. Paradoxal, se dit-elle, de ressentir cet effet de grandeur dans un lieu où le ciel est grignoté par les volumes. Là-haut, quelque chose paraît décuplé et ouvert vers le large. En plaine, l'horizon a beau être dégagé, l'espace se vit plus restreint. Faillir être flingué, son dernier roman, correspond à cette même recherche de grand air, d'infinie respiration. Pour lui, elle avait séjourné deux mois sous une tente à 2000 mètres dans les Alpes, avec des randos matinales. Un bon propulseur d'écriture et de dégazage des scories. Elle l'avait fini dans une cabane au bord d'un étang. Faillir être flingué la ramenait ce jour-là à Paris, sa résidence principale depuis vingt ans.

Son huitième livre… Paru chez un nouvel éditeur, vanté à la rentrée de septembre, inscrit sur les listes du Femina et du Médicis et rattrapé dans son échappée par ce grand prix de lecteurs passionnés. Peut-être la voyageuse songe-t-elle aux dix années qui l’ont menée jusqu’à là. Dix ans à être auteur ou presque.

Céline Minard a démarré tard. Elle a publié son premier livre à 33 ans. Comme Nathalie Sarraute. Plus tôt, cela avait été impossible. Pendant sept ans, après