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Libération
chronique

Dubuffet, un drôle d’épistolier

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publié le 18 juin 2014 à 18h06

Né en 1901 et mort en 1985, Jean Dubuffet ne fut pas seulement peintre et sculpteur, mais aussi écrivain. Peut-être est-ce pour cela qu’il a échangé tant de lettres avec tant d’écrivains. Après, entre autres, ses correspondances avec Jean Paulhan, Witold Gombrowicz, Claude Simon et le poète Jacques Berne, paraissent aujourd’hui celles avec la poétesse suisse Edith Boissonnas et avec l’écrivain et dramaturge franco-suisse Valère Novarina. C’est toujours un plaisir de lire Dubuffet (et ses correspondants).

Dubuffet rencontra Edith Boissonnas par l'intermédiaire de Jean Paulhan, avec lequel il allait toutefois se brouiller (1). La première lettre de La vie est libre, titre donné à ce recueil de correspondance, vient du peintre pour remercier la poétesse, née en 1904 et morte en 1989, d'un poème sur son travail qu'elle vient de lui envoyer. Dubuffet est d'une grande disponibilité et générosité dans ses lettres, celles de son correspondant trouvent toujours le meilleur accueil et, de toute évidence, Edith Boissonnas et lui vont bien s'entendre durant ces 87 lettres étalées sur trente-cinq ans. Un esprit épris d'extrême correction pourrait trouver à redire sur l'emploi que fait Dubuffet du mot «juif» dans l'immédiat après-guerre ou sur ses remarques sur les Arabes, lors de ses séjours en Algérie qui nourriront son travail artistique. Mais l'épistolier regorge d'humour. Par exemple - en se souvenant que Dubuffet fut trésorier de l'Association des amis d'Antonin Art