Gabriel Garran avait à peine 15 ans quand il a été chargé de guider à travers la France occupée, en passant clandestinement la ligne de démarcation, un groupe de quatre personnes : deux jeunes enfants et deux femmes juives polonaises parlant français avec un accent si suspect qu’elles avaient été priées de se faire passer pour sourdes-muettes. Mission menée à bien sans problème majeur et sans en faire un plat, d’autres péripéties suivront.
Ce genre d'histoires et la manière dont Garran les raconte font de Géographie française autre chose qu'une histoire d'enfant caché et de tragédie familiale sur fond de Deuxième Guerre mondiale. C'est aussi un récit de formation écrit par un homme qui se retourne sur son enfance. Garran, né en 1927, est un poète et un homme de théâtre. En 1971, il a créé le Théâtre de la commune d'Aubervilliers, en 1985 le Théâtre international de langue française et en 2005 le Parloir contemporain. La France des années 30 et 40 qu'il nous décrit est rurale au point que même Paris est par endroits un village. «Chevaux dans les rues, abandonnant leur crottin sur la voie publique, chèvres qui trottinent au son de la flûte de leur chevrier, offrant lait et fromage aux passants.» Rue de la Mare où il habite, «l'eau irrigue le nom des rues adjacentes, la rue des Cascades y descend en toboggan abrupt, imitée par les caniveaux de la rue des Rigoles. Je m'y ébats comme un moineau».
Yoyo. Géographie