Ils ont baptisé leur promo «Michel-Foucault». C'était en septembre, ils sortaient de l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire (Enap) et s'apprêtaient à être nommés directeurs de prison. «Pour toujours garder en tête qu'il faudrait s'interroger sur nos missions et nos responsabilités, surtout dans notre domaine d'activité : la privation de liberté», rapporte Léa Janin, une ancienne étudiante de la promotion Michel-Foucault. A 26 ans, elle est aujourd'hui directrice adjointe du centre de détention de Liancourt (Oise), adhérente du Syndicat national des directeurs de prison. De l'auteur de Surveiller et Punir, les élèves avaient retenu la face intellectuelle mais aussi militante, notamment au sein du GIP, le Groupe d'information sur les prisons (1). «Foucault a cherché à inventer des modalités d'action. On n'a pas la prétention d'être de grands intellectuels, mais il nous pousse à essayer d'innover.»
La médiathèque de l'Enap met Surveiller et Punir à la disposition de ses étudiants - futurs surveillants, officiers ou conseillers de probation. L'enseignement de l'école est avant tout professionnel et pratique, mais un cours sur «les rationalités pénales» est dispensé par un philosophe foucaldien, Olivier Razac. «On n'y parle pas de Foucault, mais on l'utilise pour débrouiller tous les sens qui sont aujourd'hui donnés à la peine, rapporte l'enseignant. Ce n'est pas du vent. Les personnels pénitentiaires sont tiraillés ent