La pensée de Michel Foucault a irradié les sciences humaines, ouvert des champs philosophiques et des départements entiers d'université, mais elle se retrouve aussi parfois dans l'usage courant. Quoique le Deleuze soit plus répandu («rhizome», «déterritorialisation»…), nous parlons parfois le Foucault comme monsieur Jourdain faisait de la prose, sans le savoir. Le concept de biopolitique, en particulier, a connu un usage collatéral, il y a une dizaine d'années, dans les débats publics sur l'embryon humain, le clonage et la bioéthique.
La biopolitique (la politique du vivant), c'est la découverte que l'Etat non seulement règle notre liberté physique, mais aussi que, de l'âge classique au libéralisme, il gère notre santé, notre sexualité, notre fécondité, en tant que «population» productive. De ce point de vue, la bioéthique est une version amenuisée de la biopolitique, déconnectée des questions (relatives) de pouvoir et rattachée à des considérations d'apparence morale, supposément plus aisées à trancher.
«Faire l'archéologie de». Mais si l'on parle le Foucault, c'est souvent de façon beaucoup plus lâche et inconsciente, parce qu'une partie de ses idées et de son lexique a diffusé depuis les années 80, directement dans les médias, la littérature et les arts mais aussi, via les sciences humaines, jusque dans les sphères de la com ou du management. Ainsi les notions d'archive et d'archéologie . Che