Foucault est-il américain ? Trente ans après sa mort, le penseur le plus cité au monde, le philosophe que les études culturelles et queer se sont approprié, ont digéré, et à travers le filtre desquelles sa pensée nous revient (lire entretien page 8 avec Beatriz Preciado), a failli passer tout à fait de l'autre côté de l'Atlantique. Mais la BNF, avec l'aide de mécènes privés, vient de finaliser l'achat pour 3,8 millions d'un fonds d'archives exceptionnel : entre autres 37 000 feuillets manuscrits (dont le dernier tome de l'Histoire de la sexualité - les Aveux de la chair) et 29 carnets à spirale de son journal intellectuel. L'intégralité des documents que contenait son appartement au moment de son décès : c'est toujours ça que Berkeley n'aura pas, pourrait-on gauloisement crâner.
Michel Foucault, revenu d'Amérique, continue d'interroger les problèmes qui structurent le «libéralisme avancé» (lire page 9) y compris quand celui-ci prétend les déjouer ou nous en libérer : discipline, surveillance, sexualité, identité… Raison pour laquelle sa pensée (lire page 7) reste indispensable à la compréhension de notre monde. Il y a quelques jours, comme un cadeau pour célébrer l'anniversaire de sa disparition, des proches de Foucault faisaient don à Libération de quelques cassettes, qui constituent l'ultime entretien du philosophe. Cet entretien a été réalisé par André Scala et Gilles Barbedette le 29 mai 1984, quelques jours a