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Critique

Le butin littéraire de Patrick Roegiers

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Une «Traversée» en bonne compagnie
publié le 25 juin 2014 à 18h06

N'importe quel détenteur d'une bibliothèque sait que le contenu des livres n'est pas stable. Il se modifie sans qu'on s'en aperçoive. La preuve, quand on relit un roman, on voit bien, il n'est pas le même. Avec les auteurs, c'est pareil. Ils changent en fonction de qui les aime. Voyez ceux que Patrick Roegiers fréquente. Dans la Traversée des plaisirs, il les présente de manière si cocasse qu'ils ne sont pas ceux que nous connaissons, tout en restant ultrafamiliers. Dans la deuxième partie, «Le corps des écrivains», il brosse le portrait de neuf d'entre eux : ils sont comme neufs. Ils ont des points communs. Par exemple, Catherine et Alain Robbe-Grillet : «Ils n'ont pas d'enfants comme Perec, Beckett, Barthes, Leiris et Michaux.» Ils ne sont pas tristes. «Samuel Beckett est un bon vivant», Céline «un comédien génial». On ne s'ennuie pas. Titre du chapitre consacré à l'auteur des Diablogues : «Roland Dubillard voyage au bout du raisonnable».

Le lecteur à son tour recopie les citations que l'auteur a glanées. Henri Michaux : «Il n'est pas rare qu'un fils de directeur de zoo naisse les pieds palmés.» Albert Cossery, rendu aphone par une trachéotomie : «Depuis que je ne parle plus, je suis passé quatre fois à la télévision.» Dorothy Parker, relayée par Bernard Frank : «Je ne veux plus faire de la critique littéraire. Ça me prend trop de temps et ça m'empêche de lire.» La pirouette ni la blague ne sont obligat