Ne vous fiez pas au titre : ce livre ne surfe pas sur la vague houleuse du genre, ni ne se contente d'additionner de brèves biographies agrémentées de belles reproductions. Certes on trouvera ici les portraits de collectionneuses : la génération 1880-1905 - les souveraines Alexandra et Dagmar de Danemark, dans la lignée d'une Catherine de Médicis, mais aussi Isabelle Stewart Gardner, «fille de la révolution industrielle» - qui investit le collectionnisme réputé masculin dans ces années de l'invention du musée et du patrimoine ; leurs premières héritières qui, dans les années 1905-1930, se hissent au rang des grandes collectionneuses et mécènes, telle Hélène Kröller-Müller qui promeut l'œuvre de Van Gogh. On découvrira aussi à travers des existences singulières le poids des femmes actives des décennies 30-70, à l'instar de l'incontournable Peggy Guggenheim, éprise des surréalistes ; viennent enfin les femmes du temps d'un individualisme qui féminise le collectionnisme et les galeries du très contemporain.
Si ces récits dessinent une typologie évolutive des collectionneuses - américaines peu connues et européennes ignorées - la fine contextualisation de leur parcours de vie, que rien, et surtout pas leur identité de sexe, ne prédestinait à pareil investissement, dévoile une histoire du collectionnisme au féminin qui ne se comprend qu'à l'aune du genre. Ainsi le penchant des femmes pour les porcelaines et autres bibelots n'est-il pas affaire de goût mais effet de l'oppo