Ellipses et répétitions : Siège 13 est un livre étrange. Dans ce titre qui ne l'est pas moins, le nombre vient de la quantité de nouvelles regroupées dans le recueil et le substantif du siège de Budapest par les Soviétiques, de décembre 1944 à février 1945, quand les nazis tiennent la ville. Des abominations sont perpétrées par les deux camps et nul ne peut se prévaloir d'être civil, femme ou enfant pour y échapper. «La transmission d'un traumatisme d'une génération à la suivante» est la «spécialité» universitaire d'une narratrice d'un des textes («les Dames en bois de rose») et ce siège de Budapest, d'une façon ou d'une autre, apparaît dans chacun. On dirait que toutes les nouvelles racontent des fidélités et, surtout, des trahisons elliptiques. Leur étonnante densité vient de ce qui n'y est pas dit et ne peut pas l'être, comme pour certains hommes lors du siège, à propos d'une marche qui laissa un nombre ridicule de survivants, ces «cauchemars récurrents induits par ce trajet urbain de trois kilomètres, si accablants qu'en parler les aurait obligés à ne plus jamais parler d'autre chose».
A la fin d'un autre texte («les Fantômes de Budapest et de Toronto») : «Il se demandait si ses tantes savaient combien de fois, enfant, il était resté assis dans son lit, combien de fois il le faisait encore, hanté par ce qui n'était pas là - le souvenir d'un visage, d'une caresse, de la voix qu'il désirait par-dessus tout entendre -, comme si l'absen