Chez les ouvriers de Saint-Sébastien, 1968 n’est pas une année érotique. La langue basque est interdite, les vies sont de chien. Franco vieillit, l’ETA agit. Le 2 août, elle tue un important flic régional, Meliton Manzanas, devant chez lui à Irun. Julen est mêlé à ces activités sporadiques, naissantes. C’est un adolescent inculte, souffrant, sensible. Il pue des pieds, se branle la nuit, part en excursion nationaliste avec le curé du quartier. Les prêtres façonnent les futurs soldats de l’ETA, les
Gudaris,
avec une psychologie fanatique. L’histoire est racontée à un écrivain nommé Aramburu par celui qui l’a vécue de près, le petit cousin de Julen, un gamin pauvre de Navarre que sa mère a envoyé vivre chez sa tante. Dans sa valise, il a une soixantaine de cyclistes miniatures. Appelons-le comme son cousin : Txiki, le petit.
Eau de Cologne. La sœur de Julen, une fille obèse de 17 ans, couche avec les garçons du quartier. Sa mère l'enferme. Les garçons lancent par sa fenêtre des coquilles de noix volées, vidées, remplies de sperme, refermées avec des élastiques à cheveux lui appartenant. On finit par lui trouver un mari simplet, hideux, le voici qui se présente à ses parents : «Chacho arriva à l'heure, il portait un costume de son père, au pantalon trop large, à la veste trop ample, élimée, et une cravate de grosse toile, au nœud grossièrement fait. Au moment de servir le café, ma tante découvrit que le lait avait tourné. Des mois