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critique

Warburg à rebours

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Une biographie du grand historien d’art allemand.
publié le 2 juillet 2014 à 18h06

En ce moment, au Palais de Tokyo, à Paris, on attend la réouverture de Mnémosyne 42, une installation du philosophe de l’art Georges Didi-Huberman, couplée à un travail du photographe Arno Gisinger sous l’intitulé général Nouvelles histoires de fantômes. L’œuvre en question, qu’on a pu voir l’an dernier au Fresnoy, à Tourcoing, dans une autre mise en espace, consiste en une projection au sol d’extraits de films, et tire son nom de l’atlas d’images Mnémosyne (1927-1929) de l’historien de l’art Aby Warburg, plus précisément de sa planche 42 consacrée entre autres à Donatello, Carpaccio et Mantegna. Mais là, elle est en rade depuis un mois, pour raisons techniques. Trop d’images, peut-être, surchauffe de la mémoire.

Planches. Aby Warburg (1866-1929) est un mythe, une figure tutélaire. La plupart du temps on l'a peu lu (faute de traduction, d'édition) mais on l'a vu cité de nombreuses fois par Erwin Panofsky et l'on sait deux ou trois choses de lui : sa bibliothèque de lecture (et non de prêt) de 80 000 livres, installée à Hambourg en 1926 et déménagée à Londres en 1933 pour fuir le nazisme. Aujourd'hui le Warburg Institute, 350 000 volumes, indépendant au sein de l'Université de Londres, laquelle voudrait bien mettre la main sur ce trésor. L'atlas Mnémosyne donc, ensemble d'images réunies par planches que Warburg décrit comme «un inventaire des préfigurations antiques ayant contribué, à l'époque de la Renaissance, à forger le style de la rep