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chronique

Le dernier des écrivains

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publié le 9 juillet 2014 à 18h16

Le premier écrivain français, vous croyiez que c'était Marc Levy. Ou Guillaume Musso. Vous vous trompiez. Le tout premier s'appelle Nithard. Ce petit-fils de Charlemagne, né vers l'an 800, est l'auteur de quatre livres qui ne sont pas beaucoup vendus mais restent fameux. Ce sont des récits historiques où s'ébattent Louis le Pieux, Charles le Chauve et d'autres personnages qui n'ont pas eu la chance de connaître Twitter. Dans le troisième livre, Nithard transcrit un texte appelé Serments de Strasbourg : c'est un pacte militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique, unis contre leur frère aîné, Lothaire Ier. Il s'agit du tout premier texte écrit en français, ou plus exactement du plus ancien exemple connu d'écrit en langue romane.

Or figurez-vous que l’on a récemment remis la main sur les os de ce Nithard et qu’ils sont actuellement montrés à l’abbaye royale de Saint-Riquier, au cœur de la baie de Somme, dans le cadre d’une exposition sur les Carolingiens. Aussi l’abbaye était-elle en droit d’adresser à la presse un communiqué, explosivement titré en lettres rouges et capitales : «LES OSSEMENTS DU PREMIER ÉCRIVAIN DE LANGUE FRANÇAISE RETROUVÉS». L’affaire est amusante : ces ossements furent exhumés en 1989, lors de fouilles sous l’abbaye, puis confiés à un laboratoire scientifique, puis égarés, puis redécouverts à Saint-Riquier fin 2011, à l’occasion de la transformation de ce lieu en Centre culturel de rencontre dédié aux «écritures numériques». B