L'atelier-maison. Couvrant les murs, ou dégringolant en piles sur le plancher raboté, des bataillons de livres colonisent l'espace tandis que les feuillets foutraques des manuscrits tsunamisent les tables. A Sainte-Marguerite-sur-Mer, cette friche littéraire est le siège social et le foyer d'Olivier Frébourg, le patron des Equateurs, éditeur du tube de l'été 2013, Un été avec Montaigne. Un prolongement organique de lui-même. Un dortoir pour garçons et un atelier d'artisan, avec la mer au bout d'un chemin creux. Devant la maison, les trois peupliers bruissent avec un son de papier froissé. Voix grave, un brin moqueur, il dit qu'en descendant du train de Paris, il se décrasse en nageant. Au préalable, concédant à la mondanité dieppoise, il s'arsouille au Coup de roulis, quai du Carénage, où René, en chemise Hawaï, commente l'actualité.
Il n'y a pas une feuille de papier OCB entre Frébourg et ses choix. Ce n'est pas un homme qui se gomme. Les livres, la mer, ses fils ne font qu'un. Il perd un enfant, sa femme, sa vie de famille, se retrouve seul devant la forêt féroce et âpre et forte, qui ranime la peur. Il conjure l'effroi en compagnie d'un de ses auteurs, l'expert en vertige Sylvain Tesson, et rejoue Dersou Ouzala en forêt de Chambord, gueule de bois, pieds en sang. La voie droite n'est pas perdue, la chair cicatrisera. «A voir son bureau ou sa chambre, on pourrait croire Olivier désordonné. Il sait très bien où il v