Libération publie un numéro spécial daté du 4 août 1914. Nos reporters vous racontent le premier jour de la guerre.
Considéré comme un maître du roman dit psychologique, Paul Bourget est cet écrivain glorieux et catholique de bientôt 62 ans qu'on ne présente plus aux amateurs cossus de romans et de psychologie. Il vient de publier un gros livre, mijoté depuis une dizaine d'années, au titre prometteur : le Démon de midi. Il est dédié à René Bazin, autre sommité, «moraliste catholique d'une si sûre doctrine». Dans la préface, écrite sous le double patronage de Balzac, son auteur de chevet, et de Walter Scott, également admiré, Bourget résume son intention : étudier «la crise sentimentale qui guette tant d'âmes, au milieu du chemin de la vie», décrire «de hautes certitudes religieuses coexistant, chez un homme public, avec les pires égarements de la passion». Il va sans dire que les premières doivent l'emporter sur les seconds : l'adultère dont il est ici question crée un désordre qui ouvre à la rédemption. Le Démon de midi emprunte son titre «à un mystérieux verset de la Bible, ce livre de tous les mystères». C'est un roman de vertu. Son encre a la couleur d'une vieille soutane qu'il s'agirait de nettoyer.
On est à Clermont-Ferrand, ville où l’auteur a grandi, décrite selon les règles du panorama balzaci