A89 ans, un homme est près de la fin, mais un écrivain reste toujours aussi proche du début. L'ancien pilote de guerre et journaliste James Salter a 89 ans. Il habite Long Island et publie Et rien d'autre, son premier roman depuis 1979 : c'était L'Homme des hautes solitudes, un titre français à la Clint Eastwood allant comme un gant de soie à une main de fer, au stoïcisme sensuel de son héros masculin. Et rien d'autre semble écrit da ns la foulée des romans qui ont fait connaître son auteur : Un sport et un passe-temps (1967), Un bonheur parfait (1975). Les personnages sont vintage, le style est suspendu par le temps : «Cet été-là, il apprit le décès de Caroline, sa belle-mère, ou plutôt son ex-belle-mère. Il l'aimait bien et appréciait son aplomb naturel quand elle avait trop bu, ce qui était souvent le cas. Les mots se bousculaient un peu, mais elle surmontait la difficulté, ne lui accordant pas plus d'importance qu'à un brin de tabac sur la langue qu'elle aurait pu cueillir du bout du doigt […]. Bowman envoya une belle gerbe de fleurs, des lis et des roses jaunes dont il se souvenait qu'elle les aimait particulièrement. Il ne reçut aucune réponse, pas même un petit mot de remerciement de Vivian [l'ex-femme du héros, ndlr].»
Salter a travaillé pour le cinéma. Il décrit à la perfection ce qu’il voit ou imagine, à un moment donné, dans le champ : objets, espaces, silhouettes, corps, animaux, gestes, lumière