L’autobiographie de Paul Veyne, c’est joyeux au début, beaucoup moins à la fin. Un peu comme la vie. L’auteur ayant également composé Comment on écrit l’histoire, tube épistémologique de 1971, le lecteur qui s’empare de ce livre au titre assez laid (mais expliqué page 108) se demande comment il a fait pour écrire la sienne.
On entre assez peu ici dans des considérations scientifiques, nulle épopée de l'esprit. Le ton semble parfois emprunté à Rousseau («j'étais heureux avec ma grand-mère, nous nous aimions, ce genre de vie et de milieu social me suffisaient, étaient normaux, je n'avais ni ambition ni frustration, je ne désirais rien de plus»), on sent que le continuateur de l'Ecole des Annales ne manque pas de lectures. C'est d'ailleurs ainsi qu'il s'introduit : comme une machine savante qui, dès l'enfance, a pour vocation «une activité solitaire, inutile et analogue, mais en un genre inférieur, à celle des poètes et écrivains». Au début, le minot d'Aix-en-Provence se projette écrivain de manuels sur les auteurs antiques. Il faut dire que dans son pays, on bute facilement sur des morceaux d'amphore. Paul sera un fort en thème. Un jour qu'un «vieux monsieur» lui met la main sur la cuisse à la bibliothèque municipale, écrit-il, «j'éloignai mon siège et je fis dans ma tête une fiche sur la pédérastie antique». Il devient l'historien qu'on sait, auteur entre autres de Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ? (1983) et de S