Ce qui manque à cette rentrée, c’est Mary Poppins. Enfin, quelque chose de ce genre. Sinon, tout le reste est là : Jésus-Christ, Salinger et Buffalo Bill.
Sans une ride, sans une larme, Mary Poppins souffle cette année ses 80 flambeaux : le livre de P.L. Travers a été publié en 1934 (le film de Disney, lui, a 50 ans tout ronds). Si Pamela Lyndon Travers n'avait pas refermé son dernier parapluie en 1996, «n'aimant personne et n'étant aimée de personne» selon ses petits-enfants, nous serions allés lui rappeler que Virginia Woolf, dans ses périodes de grande confusion, croyait entendre les oiseaux chanter en grec. Puis nous lui aurions demandé : dites donc, les bébés qui, dans Mary Poppins, parviennent à comprendre ce que disent les étourneaux, ne souffrent-ils pas du même genre de folie que l'auteur de Mrs Dalloway ? Et Travers aurait répondu (on le sait car la Paris Review lui a posé précisément cette question en 1982) :«C'est possible. Mais mes étourneaux dans Mary Poppins parlent cockney, pour autant que je me souvienne.»
Les bébés en question savaient aussi écouter le vent, le soleil et l'ombre des arbres. Puis ils ont oublié, et nous aussi, et Travers elle-même a fini par ne plus se souvenir d'où cela venait, le langage des arbres et des ombres.«Un jour, alors que j'étais aux Etats-Unis, je suis allée voir un psychologue. C'était durant la guerre, je me sentais très déracinée. Je me suis dit, bon, les psychologues sont le gen