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Libération
critique

Volodine, kolkhoze toujours

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Le roman d’un «post-exotique».
Antoine Volodine, à Paris, le 28 août. (Photo Samuel Kirszenbaum pour «Libération»)
publié le 3 septembre 2014 à 18h06

Un train fou sur fond de steppe, des sovkhozes et des kolkhozes perdus dans la taïga, une grand-mère atomique, un sorcier délirant, des corbeaux et rossignols échappés d'un conte russe… Bienvenue camarade ! tu es bien dans un roman de Volodine. Quarante et unième livre de l'auteur, Terminus radieux s'inscrit aux côtés de Dondog (2002) et de Songes de Mevlido (2007) comme une nouvelle œuvre assez déviante dans les normales saisonnières de la littérature. Car Antoine Volodine n'est pas seulement un auteur de proses, pièces de théâtre et textes radiophoniques, il est surtout le créateur d'un univers littéraire : un hypermonde tissé de fils provenant autant de traditions narratives orientales, russes ou européennes que de l'histoire du XXe siècle. Ce monde total, fascinant, Volodine l'a baptisé «post-exotisme».

Nous sommes tous post-exotiques au moins une fois par jour, dès l'instant où l'on s'abandonne au sommeil, et la physiologie du rêveur est la plus apte à jouir de cet univers qui fait tenir ensemble à la fois l'évidence et la complexité des choses. On lit Volodine comme une lecture d'enfance, comme du Stevenson ou du Curwood et on passe immédiatement de l'autre côté de nombreux miroirs : l'exotisme littéraire, le réalisme romanesque ou l'«universel reportage». Meurent ici d'inanition les conventions littéraires, noms et pronoms, scénographies auctoriales, principe de non-contradiction et nombre de dogmes du même acabit