La révolte est partie d'une petite cabane en bois, au milieu des pins. Dans cet abri de quelques mètres carré, encombré de livres, Douglas Preston vient chercher l'inspiration pour ses thrillers best-sellers, teintés d'horreur et de science-fiction. En juin, c'est là que l'écrivain américain a commencé à écrire sa fameuse lettre. Cette missive adressée à ses lecteurs était en réalité destinée à Jeff Bezos, le patron d'Amazon, le géant du commerce en ligne. En quelques mots, Preston dénonçait la décision prise par la compagnie de Seattle de pénaliser les ventes des auteurs Hachette, la quatrième maison d'édition aux Etats-Unis, pour faire pression sur la filiale de Lagardère afin de faire baisser ses marges sur la vente de livres numériques. «J'en ai eu assez, dit l'écrivain qui porte casaque Hachette. Je ne pouvais pas me résoudre à voir Amazon sanctionner les auteurs. Je voulais que mes lecteurs écrivent directement à Bezos pour le sommer d'arrêter.»
De prime abord, Preston n'a rien d'un écrivain rebelle qui aurait soudain décidé de se payer l'une des compagnies les plus puissantes de la planète. Cheveux blancs à la mèche impeccable, il porte haut et beau la presque soixantaine, et reçoit poliment dans son imposante maison familiale, perchée au cœur d'une forêt du Maine, à flanc d'océan. Depuis sa cuisine, avec vue sur les flots, il refuse même qu'on voit en lui «le leader de quoi que ce soit». «Je suis plutôt un facilitateur, précise-t-il après de