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critique

Ruwen Ogien, logique et passion

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Le sentiment amoureux sous le regard ironique du philosophe.
Ruwen Ogien. (Photo Kristina Hauthonen)
publié le 17 septembre 2014 à 17h16

Boire ou conduire, il faut choisir - et on sait quel est le bon choix, même si on ne le fait pas. Mais si l’alternative est philosopher ou faire l’amour, et si l’on pense qu’il est risqué de faire les deux en même temps, pour quoi doit-on opter ? Certains philosophes austères, les ascètes, le démontrent sérieusement : d’abord philosopher, qui donne sens à la vie, ensuite, ou après, ou de temps en temps, faire l’amour, qui la rend tant heureuse que malheureuse. Tous les autres, évidemment, rigolent. Les choses ne sont pourtant pas aussi claires, ni aussi tranchées.

Au moins depuis le Banquet de Platon, la philosophie a toujours été amoureuse de l'amour, en a fait son (sujet) favori, et tous, quand ils connaissent l'amour, se demandent «ce qui leur arrive», s'interrogent, s'analysent, tentent de comprendre et, d'une certaine manière, «philosophent». Aussi ne semble-t-il pas que philosopher et faire l'amour soient disjonctifs.

Piaf. Une chose est sûre cependant : dans l'immense bibliothèque des livres (plus ou moins) philosophiques sur l'amour, prévalent les éloges et les glorifications - au point que «des vues critiques sur la question» sont comme les dents de poule : rares. On les trouvera cependant - exposées sans dogmatisme aucun, de façon minimaliste, ironique, sinon humoristique - dans l'ouvrage de Ruwen Ogien, Philosopher ou faire l'amour - qui suit la Guerre aux pauvres commence à l'école et l'I