Zeruya Shalev fait confiance à ses lecteurs. Elle commence par les planter au chevet d’une vieille dame dont l’esprit divague mais qui se fait assez peu d’illusions sur ses relations avec ses enfants
(«Suis-je davantage dégoûtée de vous que vous de moi ?»).
Elle présente ensuite lesdits enfants : Avner, le fils, et Dina, la fille, quadragénaires ordinairement névrosés et plus ou moins mal mariés. C’est dense, sombre, parfois même drôle, quand, à quelques dizaines de pages du début, il y a cette scène dont Avner est témoin, puis le souvenir lumineux d’un coup de foudre de Dina… l’émotion vous prend totalement par surprise, le roman vous emmène ailleurs.
Pour la première fois chez Zeruya Shalev, le récit est à la troisième personne, même si c'est une troisième personne très intime. Les quatre précédents romans de l'Israélienne (lire Libération du 19 avril 2007) parlaient du couple, ou plutôt de son impossibilité. Ce qui reste de nos vies parle toujours de couples, mais il est aussi question d'amour, ce qui n'est pas la même chose, de famille (comme lieu de transmission du malentendu) et de politique.
Avner est un avocat de gauche qui défend Bédouins et Palestiniens. Avner pense que la vie des autres est meilleure que la sienne. Il est piégé dans un mariage avec une femme qu'il n'aime pas. Chaque nouvelle dispute lui semble un «humilia