Première Neige sur le mont Fuji parle de la neige sur le mont Fuji (mais est-ce vraiment la première ?), du bruit que fait la pluie (à ne pas confondre avec celui que font les gouttes de pluie), des ginkgos qui ont «pour moitié» perdu leurs feuilles (pourquoi tous les arbres identiques ne subissent-ils pas un sort semblable ?). Les six nouvelles inédites en français composant le recueil, écrites entre 1952 et 1960, ont-elles pour autant la nature comme sujet ? Certainement pas au sens le plus traditionnel du thème. Né en 1899 à Osaka et mort suicidé en 1972, Yasunari Kawabata s'est expliqué sur son travail dans son discours de réception du prix Nobel, en 1968, dans un texte sous-titré «La tradition esthétique dont je suis issu» dans l'édition Flammarion-France Culture de Tous les discours de réception du prix Nobel de littérature (lireLibération du 24 octobre 2013). L'écrivain revient sur certaines phrases qui l'ont marqué, par exemple : «Il est aisé d'entrer dans le monde de Bouddha, malaisé d'entrer dans le monde des démons.» Et celle-ci, qui résumerait l'art japonais : «Aux trois temps de la neige, de la lune et des fleurs, plus que tout l'on pense aux amis.» Et l'auteur des Belles endormies de commenter : «Autrement dit, l'émotion de la beauté suscite avec force le sentiment de l'amour pour autrui. Ici,
chronique
Kawabata, une saison en hiver
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par Mathieu Lindon
publié le 24 septembre 2014 à 17h06
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