S’il est un trait qui caractérise les sociétés contemporaines, c’est bien le culte de la célébrité. La fascination exercée sur un large public par des personnalités connues de tous semble être le propre des sociétés hypermédiatiques et le signe du déclin de la culture et de la sphère publique. Le paradoxe que soutient Antoine Lilti avec brio est tout au contraire que la célébrité n’est pas une nouveauté mais un trait caractéristique des sociétés depuis le milieu du XVIIIe siècle et que ses mécanismes n’ont pas changé. «Quelque chose s’est produit, au cours du XVIIIe siècle, dont il faut rendre compte.» D’évidence un lien existe entre l’émergence de la modernité et les formes exacerbées de reconnaissance. Ce lien est à voir, nous dit Antoine Lilti, dans l’apparition d’un nouvel acteur au sein de l’espace public, à savoir le public lui-même.
Vedettes. Ce qui distingue la célébrité de la gloire (souvent posthume) et de la réputation (limitée à un cercle de connaisseurs), c'est précisément qu'elle procède du jugement immédiat du public, souvent futile, ce qui explique pourquoi les manifestations de la célébrité «sont si facilement soumises à la critique, au XVIIIe siècle comme de nos jours». Nombreux sont ainsi les observateurs des Lumières, comme Sébastien Mercier, à s'étonner qu'un amuseur public comme Janot, un acteur très populaire, puisse jouir d'une célébrité comparable à celle de Voltaire. C'est d'ailleurs dans le monde du spectacle que s'éla