La maîtresse a dit :
«Votre fille, c’est une catastrophe.»
Une phrase anodine ou anéantissante, c’est selon. La maman de Camille, élève en CM2, la tourne en boucle. Chargée de rédiger des notices pour des appareils ménagers, Sophie se retrouve partagée entre une prose clinique et la résurgence émotive que suscite le jugement catégorique de la maîtresse. Le dernier roman de Nathalie Kuperman semble ne partir de rien, de la surréaction d’une mère poule, qui élève seule son enfant. Le profil type du parent qui ne supporte pas qu’on ostracise sa progéniture. On craint le pire. Le cheminement de
la Loi sauvage
est plus fin. Le délire plus grand.
Cette fois-ci, la rédactrice de notices aurait préféré un sèche-cheveux, l'employeur lui confie un four. La vie fait parfois des crocs-en-jambe. Comment trouver les mots pour décrire le fonctionnement d'un four alors qu'on est soi-même une piètre cuisinière ? Si on lâche la bride à la pensée, les associations peuvent ainsi proliférer. Four, cuisine, mère cordon-bleu. «Peut-être n'est ce pas si simple pour vous de vous mettre aux fourneaux, peut-être l'image de votre mère qui y a consacré votre existence vous empêche-t-elle de faire cuire ne serait-ce qu'un rôti, peut-être craignez-vous que votre mère ne vous saute à la gorge, parce que la bête est mal cuite, ou qu'elle est cuite de façon admirable et qu'elle n'aurait su mieux faire, qu'elle ne vous saute à la gorge de toute façon.» Chercher son aide ? Mais la supréma