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critique

Entre doctes et docteurs

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Jean-Claude Fondras éclaire les concepts de «santé», de «maladie» et de «bien-être» à travers les définitions des philosophes, de Platon à Nietzsche, de Montaigne à Deleuze.
Nietzsche a fait de la maladie la condition de la santé. (Photo Flickr)
publié le 1er octobre 2014 à 17h46

Sans doute apparaît-il anecdotique, sinon dérisoire, de savoir qu’Aristote plaçait une bouillotte d’huile chaude sur son ventre pour soigner ses maux d’estomac, qu’Epicure et Montaigne souffraient de troubles urinaires dus à des calculs rénaux, que Spinoza était atteint d’une maladie respiratoire chronique et que Nietzsche, avant son effondrement psychique, de presque tout, migraines, troubles visuels, vertiges, dyspepsie et autres ennuis gastriques. Sauf si, parlant de leurs bobos, les philosophes tirent des définitions de la santé et de la maladie qui peuvent corriger, modifier, compléter ou renouveler celles qu’en donnent la médecine et les sciences humaines et sociales. C’est dans cette optique que s’inscrit

Santé des philosophes, philosophes de la santé,

de Jean-Claude Fondras, médecin, praticien hospitalier et docteur en philosophie.

Eclosion. «Qu'est-ce que la santé ? La santé est-elle un état défini négativement, comme l'absence de maladie ? Si oui, qu'est-ce qu'une maladie ? Est-il possible de ranger dans une même catégorie la diphtérie et la migraine, la fibromyalgie et la cirrhose hépatique, l'allergie au pollen et l'ostéoporose ? Dans l'ensemble des maux qui nous affectent, une luxation, une piqûre d'insecte, un coup de soleil sont-ils des maladies […] ? La santé est-elle plutôt un état somatique et psychique qu'il est possible de définir positivement, comme une capacité à vivre et à agir ? Dans ce cas, quel est le