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Libération
chronique

Feu de joie à Santa Fe

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publié le 1er octobre 2014 à 17h36

La chose est passée presque inaperçue de ce côté-ci de l'Atlantique, et restée passablement opaque de l'autre. Le mois dernier, Jeff Bezos a invité le gratin du roman américain pour un week-end de grand luxe dans un ranch de Santa Fe. Bezos, c'est le patron du monstre Amazon et, en tant que tel, l'ennemi public numéro 1 de la librairie et d'une bonne partie de l'édition. Son raout, baptisé «Campfire», est organisé chaque automne depuis 2010. Les invités sont triés sur le volet ; il va de soi que les écrivains signataires de la pétition contre Amazon n'étaient pas conviés cette année. Les autres ont été tenus à la plus stricte discrétion sur leur séjour. «Quand Jeff Bezos demande aux écrivains de se tenir tranquilles, ils obéissent», a pu constater le New York Times (du 20 septembre), qui a eu un mal fou à réunir des témoignages sur cette réunion secrète. «An Amazon spokesman declined to discuss Campfire. A spokesman for Mr. Bezos did not respond to a message seeking comment» est un échantillon représentatif de l'article. Spokesman veut dire «porte-parole».

Là où le New York Times a échoué, Libération a triomphé. Ses deux reporters - l'un grimé en Jean d'Ormesson, l'autre en Michel Houellebecq - se sont présentés le vendredi soir, au volant d'une Dodge Viper SRT de location, à l'entrée du Bishop's Lodge Ranch Resort and Spa.