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Libération
critique

Modiano, un enfant passe

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Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014dossier
Que faire du numéro d’un inconnu oublié dans un carnet d’adresses perdu ?
Patrick Modiano. (Photo C.Helie. Gallimard)
publié le 1er octobre 2014 à 17h36

Patrick Modiano a reçu le prix Nobel de littérature 2014. «Libération» s'était penché sur son dernier ouvrage.

Il fait beau et chaud dans le nouveau roman de Patrick Modiano, c'est l'été indien quasiment jusqu'à la fin du livre. Mais dans les souvenirs du personnage à la recherche d'indices sur son passé, c'est plutôt l'automne. Plus exactement, c'était un temps d'automne lorsque, par le passé, il a rencontré, volontairement ou par hasard, des témoins qui auraient pu le renseigner sur certains mystères, certains blancs associés à ses débuts dans l'existence. Il s'appelle Jean Daragane. Jean comme Jean Bosmans dans l'Horizon (2010). Comme dans l'Horizon, la troisième personne remplace le «je» familier des lecteurs de Modiano. Au début de Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, une voix antipathique - «une voix molle et menaçante. Ce fut sa première impression» - demande au téléphone à parler à Jean Daragane. Daragane comme Kiki Daragane, dont le jeune narrateur fugueur était amoureux dans Pedigree. Jean comme le premier prénom de Patrick Modiano.

Enigme. Cela fait des mois que le téléphone n'a pas sonné chez Jean Daragane, et lui-même n'appelle pas. Depuis trois mois, il n'a vu personne. Parfois, plutôt que d'enquêter sur un nom jusqu'à trouver une bribe de piste qui relierait à une adresse oubliée, il préfère laisser une énigme en suspens. Il est équipé d'un ordinateur, il n'y a pas là de