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Libération
critique

Rumba congolaise et lotus bleu

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Lieve Joris en Chine avec les Africains.
Des entrepreneurs chinois et des travailleurs congolais accueillent une délégation de China Railways Engineering Company à Kinshasa, en mars 2010. (Photo Reuters)
publié le 1er octobre 2014 à 17h36

Depuis trente ans, Lieve Joris est une amie qui arpente l’Afrique, élégante et naturelle,

«un petit escargot»

qui s’accroche dans le sillage de gens qu’elle choisit et qui la choisissent. Ses récits n’ont rien de baveux. Ce sont les traces intimes de ces itinéraires, de ces poursuites. Dans les villes et les villages, elle tend un miroir au bord de la route. Ceux qu’elle croise y entrent et elle les suit jusque dans leurs maisons, chez leurs fils et leurs compagnes, à l’ombre des arbres et des ancêtres : au cœur de l’absence de ténèbres. Un Africain lui dit à raison qu’elle ne fait pas son âge,

«c’est parce que tu n’as pas de soucis».

La vie des autres est pleine des bagages qu’elle-même n’emporte pas. Ses récits hébergent sa personne, mais elle ne tire jamais à elle les couvertures qu’ils tissent. Son grand-oncle missionnaire au Congo lui racontait ses histoires lointaines lorsqu’elle était gamine, dans les Flandres belges :

«Je l’accompagnais quand il allait prier le long du canal. Il me montrait une cheminée au loin et me disait ; tu vois, c’est par là que je vais retourner en Afrique. C’était la cheminée d’une usine de cuivre qui polluait la région.»

Mon Oncle du Congo raconte ce voyage initiatique effectué en 1985, à 32 ans. Ce n'est pas le premier. Partie aux Etats-Unis à 19 ans, elle y a rencontré un Palestinien qui l'a conduite au Liban, en Syrie. Dix ans plus tard, on la retrouve au Caire où elle apprend l'arabe, «c'est là que je me