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Libération
critique

Les rêveries d’un philosophe balnéaire

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D’Antifasciste à Zarathoustra, le dico de Frédéric Schiffter.
Le philosophe, Frédéric Schiffter. (Photo Isabelle Nori)
publié le 8 octobre 2014 à 19h56
«J’écris des essais parce que je n’ai pas le talent de composer des chansons sentimentales. Même ridicules.»

A ne lire que les titres des essais que Frédéric Schiffter a déjà publiés, on devine qu’il n’a pas renoncé aux refrains langoureux pour bâtir de froides cathédrales conceptuelles :

Pensées d’un philosophe sous Prozac

,

le Philosophe sans qualité

,

Philosophie sentimentale

,

le Charme des penseurs tristes

… S’il reconnaît volontiers que la philosophie

«procède d’un désir de produire une vision du monde rationnelle, cohérente et sensée»

, et

«donne de belles œuvres»

, il reste, lui,

«à l’extérieur»

, sur les marches des panthéons, dans les jardins ou les brasseries alentour. Il n’a qu’un modèle : Montaigne, qui le prend à témoin

«de ce qui lui arrive d’heureux ou de malheureux»

, le

«met en confidence de ses goûts et de ses dégoûts»

, lui

«livre ses sentiments sur telle ou telle conception philosophique»

. C’est en prenant exemple sur lui qu’il entend philosopher :

«J’ausculte ce que je vis et ce que je pense de ma vie. J’essaie de l’écrire, autre façon de vivre et de penser.»

Mais il faut ajouter quelques traits hérités de Cioran (sinon de Schopenhauer), un esprit folâtre, un dandysme prononcé, une pincée d’humour, et parfois quelque férocité, pour obtenir un portrait plus ressemblant de Frédéric Schiffter, lequel, philosophiquement, se définit comme un

«nihiliste balnéaire»

(

«Nihiliste en ce que je ressens que tout ce qui existe n’a pas d’être. Balnéaire en ce que je vis sur la côte basqu