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Libération
critique

Place au genre et aux ex-colonies

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La littérature française vue d’Amérique.
publié le 8 octobre 2014 à 19h56
«Quel Français,

écrit Chateaubriand

, ne sourirait pas à l’idée d’une histoire de la littérature française composée en dehors des frontières de la France ?»

C’était voilà deux siècles. La France était - ou se croyait - le centre du monde. Son modèle, fixé par l’Etat centralisateur et la révolution des droits de l’homme, était vécu comme universel. Jusque dans les années suivant la Seconde Guerre mondiale, sa littérature lui donna vie. C’est fini.

Que reste-t-il de la littérature française ? Qu'achète-t-on d'elle ailleurs ? Quelle histoire peut-on en faire ? Quelle signification prend-elle dans le mouvement perpétuel et complexe de la globalisation ? Une équipe de professeurs travaillant dans des universités américaines réputées (Harvard, Yale, Princeton…) relit et replace, du Moyen Age à nos jours, notre histoire littéraire dans une triple perspective dominante outre-Atlantique : le «tournant linguistique» des années 60-70, la «révolution féministe» et, à travers le développement des études postcoloniales et francophones, le rapport du centre à ses périphéries. Il est question du langage monde dans la littérature médiévale, des poètes du XIXe siècle «en mal de pays», de la théorie du genre, de Jules Supervielle, de Marie NDiaye, de tous les conflits et apports transfrontaliers dont les textes français furent les réceptacles souvent inconscients. Les travaux d'Edouard Glissant et de Pascale Casanova sur la «littérature-monde», «la République mondiale d